• Cette histoire m'a été inspirée par une tortue, une tortue, qui remuait au fond de l'eau, que j'ai saisie, et à qui j'ai parlé... Je peux vous assurer qu'il s'agit là d'une expérience exceptionnelle. Parler à une tortue, éveiller son intérêt, sa curiosité, voir son cou s'allonger et se rapprocher de votre visage, c'est bien plus qu'émouvant...

     

     

     

    La cistude m'a dit...Cistude : tortue d’Europe, qui vit dans les marais et les ruisseaux. Carapace brun foncé, rayures et taches jaunes. Peut vivre plus de 50 ans. Se nourrit d’insectes, d’alevins, puis de végétaux. Plastron clair, avec motifs noirs. Elle est en voie de disparition dans l’Estérel.

     

     

    La cistude m’a dit

     

     

     

    Je ralentis encore en apercevant la Maison forestière de Malpey, passai la seconde et obliquai vers la droite, vers la masse imposante du Mont Vinaigre.

    . Je soupirai. Un peu de marche ne pouvait que me faire du bien pour me motiver. Bon, alors où ? A gauche, vers la tour de guet, ou vers la droite, plus sympathique ? Le rideau d’eucalyptus qui coiffait la crête, au bout d’une longue courbe, me décida. Un petit miracle s’opéra dès les premiers pas, sur la route goudronnée. La chape d’angoisse et de découragement qui m’oppressait depuis un certain temps, sembla se désagréger et se diluer, jusqu’à disparaître. Je m’ouvris au chant frénétique d’un pinson, mes narines inspirèrent en longues goulées un méli-mélo de senteurs de thym, de lavandin, de résine et de fleurs d’eucalyptus. Contre toute logique, une vague euphorique m’accompagna jusqu’à un plateau d’où plusieurs chemins pénétraient le massif. Le friselis dans le feuillage des immenses eucalyptus se mua en une sarabande sauvage, sous l’effet d’un coup de vent de mer. Puis, les feuilles reprirent leur murmure, comme si de rien n’était. Le soleil vif, dans un ciel uniformément bleu, me brûlait la nuque. Cependant, dans ce ciel parfait, une barre d’un noir bleuté coiffait les crêtes, entre le Pic de l’Ours, et le Cap Roux, là-bas, vers l’Italie.

    Je ne voulus pas poursuivre sur le chemin de droite qui menait vers un sommet plat d’où j’aurais pu admirer la Méditerranée étalée de Menton jusqu’à Saint Tropez. Je ne voulais pas voir les pentes martyrisées par le dernier incendie, et le maquis à peine reformé autour des troncs noircis des chênes lièges aux branches curieusement tordues, comme si elles avaient voulu échapper à la morsure des flammes. La vie renaissait, pourtant, çà et là, les belles feuilles vertes, luisantes des jeunes pousses d’arbousiers se dressaient, en crevant la couche de cendre féconde. Des bruyères, aussi, sortaient de terre et annonçaient un message d’espoir.

    Je partis vers la gauche, sur le flanc est du Mont Vinaigre. Là, les pentes abruptes offraient au regard des fourrés d’autant plus impénétrables que des fouillis tentaculaires de salsepareille montaient une garde redoutable. Je dus vite me rendre compte que, si mes chaussures de ville avaient pu faire illusion sur la route goudronnée, elles rendaient à présent fidèlement les inégalités et les aspérités de la caillasse du chemin. Les éclats de rhyolite avaient une fâcheuse tendance à se dérober sous les semelles trop lisses. J’arrivai devant deux énormes rochers dont les sommets s’incurvaient au-dessus du chemin, à la manière de deux gredins décidés à faire payer un droit de passage au promeneur. Ce serait bien ma chance de me faire rançonner. Une petite voix me souffla « Il ne manquerait plus que ça ! » La chance ! Le mot était lâché.

     Mon euphorie se dissipa en quelques pas. L’environnement grandiose se fondit dans un grand flou. Je savais que j’allais être la victime d’une « contraction budgétaire », comme me l’avait dit le comptable, bouffi d’importance. Le plus vexant avait été de se l’entendre dire devant tout le monde, à l’heure du café, devant le distributeur.

    Et puis, après tout, quelle importance ? Je perdais mon temps dans cette société rétrograde. Déjà quelques contacts positifs m’incitaient à l’optimisme. Alors pourquoi ce soudain accès d’angoisse ? Le fait d’être seul ? Un sentiment d’inutilité ? Peut-être un peu des deux. A ajouter, aussi, un plaisir bizarre, presque morbide, une sorte de volupté à alimenter des crises de cafard, qui naissaient sans raison apparente. Je me disais, parfois, en ricanant, que j’étais un drôle d’individu.

    Un peu égaré dans mes pensées, je revins sur mon chemin, et constatai étonné, que le bleu du ciel avait viré au gris. Plusieurs coups de vent brefs, mais violents gonflèrent ma chemise. Un mouvement rapide, devant moi, me pétrifia. Trois silhouettes blanches, à la taille serrée, couraient le long du chemin, dans ma direction, animées d’un mouvement rapide de rotation. Des courants d’air soudains avaient soulevé la poussière pour donner vie à ce qui ressemblait furieusement à trois derviches tourneurs. Ce n’était que des tourbillons de poussière, mais d’une densité et d’une rapidité telle, que je crus être emporté dans une sarabande maléfique. Incapable de différencier entre la réalité et le fantasme, je sentis un cri d’effroi se former au fond de la gorge, lorsque les tourbillons s’immobilisèrent. Ils restèrent un instant en suspension, se gonflèrent et retombèrent en fine pluie, sur le chemin.

     

    De gris, le ciel maintenant se noircissait. De courtes rafales me fouettèrent, des rafales à la limite entre froid et fraicheur. Je frissonnai. J’évaluai le chemin parcouru et le temps nécessaire pour rejoindre l’abri de ma voiture. Il me faudrait presque une heure, et l’orage se rapprochait. Le ciel était noir au-dessus de Nice. Continuer me sembla plus logique. Il ne restait qu’une petite distance pour atteindre un plateau. Je devais, normalement, me trouver dans les environs de la tour de guet où je pourrais certainement trouver un abri. ( à suivre )

     

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  •  

    A tout mon lectorat : Vous allez être surpris! Pourquoi? Il n'est pas coutumier de s'arrêter au milieu du gué et, pourtant c'est ce que je fais! De quoi s'agit-il? Eh bien je suis en panne sèche, je ne sais pas comment continuer mon chapitre 9.

    Je dois avouer que j'ai la sale habitude de placer mes personnages dans des situations très difficiles, ensuite je dois me creuser les méninges pour les en sortir! Vous pensez que je suis un peu "bizarre", vous avez raison, mais je suis ainsi fait...

    Je vais m'atteler à la tâche, vous pouvez m'accorder votre soutien moral...

     

     

     

    9 La mine d’argent

     

     

     

    Ida la Généreuse sembla s’agiter et commença à faire les cents pas dans la caveFées et mystères dans les Vosges silencieuse. Gladys et Hansi échangèrent des regards interrogatifs.

    •  Quelque chose ne va pas, demanda Gladys.

    Ida la Généreuse leva la main pour intimer le silence. Elle continua son manège, puis, les yeux levés vers le plafond, elle s’arrêta comme si elle venait d’être frappée per une évidence.

    •  Bien sûr, que suis-je bête! Ceux qui nous ont enlevés nous voyaient, autrement, comment auraient-ils pu enlever des invisibles, comme nous? Ils sont donc comme nous, ils appartiennent à notre monde… Semblables, mais animés par de mauvaises pensées…
    •  Que veux-tu dire, que ce seraient des mauvais génies?
    •  Je ne sais pas, Hansi, je ne sais pas encore, mais…

    Ida ne termina pas sa phrase. Elle se dirigea vers l’épaisse porte en bois, bardée de ferrures. Elle posa sa main sur la poignée, ferma les yeux et appuya. La poignée s’abattit et la porte s’ouvrit, avec un léger grincement. N’en croyant pas ses yeux, Ida tira sur la poignée et la porte s’ouvrit en grand.

    Hansi se lava d’un bond et resta figé de saisissement. Gladys porta la main à sa bouche pour étouffer un oh! prêt à jaillir. Ida la Généreuse hésita, n’avança pas mais tendit le cou d’un côté puis de l’autre. Elle ne vit qu’un long tunnel plongé dans une obscurité phosphorescente. Les murs et la voûte étaient grevés de vers luisants, tout comme la cave où ils se trouvaient.

    Ida respira à fond. Elle venait de prendre une décision. Elle leva un doigt pour capter l’attention des jeunes prisonniers.

    •  Ecoutez-moi bien. Je vais aller en exploration, mais vous devez rester ici, c’est entendu? En aucun cas vous ne devez quitter cette cave, c’est bien compris?
    •  Tu vas partir longtemps? Tu vas revenir?
    •  Mais oui, ma petite Gladys, ne te fais pas de soucis. Combien de temps, je ne sais pas, le moins longtemps possible, tout dépendra de ce que je vais découvrir, ou pas.

    Hansi entoura les épaules de Gladys d’un bras qui se voulait protecteur et indiqua du regard que les consignes de la mère de toutes les fées étaient comprises.

    Ida tira la porte et pénétra dans la galerie.

    Il y faisait chaud et de l’humidité suintait des parois en de minces filets qui suivaient une pente. Voyons où cela mène, pensa Ida. Peut-être à une sortie? A l’air libre?

    Ida la Généreuse s’arrêta, ébahie. Un bruissement fait d’une quantité de sons différents, un bourdonnement continu s’amplifiait à chaque nouveau pas. Le tunnel se terminait là et s’ouvrait sur une grande salle, non, plutôt une grande excavation, un immense espace dont le plafond se fondait dans une épaisse obscurité. Ce que vit Ida la Généreuse lui arracha des larmes. Des milliers d’yeux la fixaient dans un profond silence. Tous les oiseaux de la forêt, des écureuils, des fouines, des blaireaux, des renards, des lapins, observaient l’apparition car eux aussi, possédaient le don de voir l’invisible. Tous ces animaux occupaient des cages empilées les unes sur les autres.

    Ida la Généreuse tomba à genoux. Un long sanglot fusa de sa gorge.

    •  Mes pauvres amis… Que vous est-il arrivé? Que faites-vous là, prisonniers encagés? Qui sont les monstres responsables d’un sort si cruel?

    Un vacarme s’éleva aussitôt. C’était à qui parlerait le plus fort, qui exprimerait le mieux l’indignation générale. Ida leva les mains pour demander le silence.

    La cacophonie s’arrêta.

    •  Si je peux me permettre…
    •  Bien sûr, parle…

    Le chevreuil se plaça tout contre le grillage de sa cage.

    •  Nous te connaissons, nous savons que tu es Ida la Généreuse, mère de toutes les fées. Te voir ici, une telle apparition est une grande surprise. Tu nous demandes ce qu’il nous est arrivé, mais avant de te répondre, dis-nous ce que tu fais ici, en liberté. Es-tu prisonnière? Par quel sortilège te trouves-tu dans la mine d’argent?
    •  Hélas, je ne puis te répondre… Je me suis réveillée entre ces murs sans savoir comment…
    •  C’est exactement ce qui nous est arrivé, tous, sans exception. Nous nous sommes réveillés dans des cages.
    •  Avez-vous vu les auteurs de ce rapt incroyable?
    •  Non, nous n’avons vu personne… que vas-tu faire?
    •  Il n’y a aucune issue de ce côté, je vais donc rebrousser chemin et aller dans l’autre sens. Si je peux trouver un moyen de nous libérer, vous le saurez très vite. Je vous laisse mes chers amis, j’espère vous apporter de bonnes nouvelles. 

    Ida allait partir lorsqu’elle se ravisa.

    •  Dis-moi, aurais-tu vu des lutins? 

    Le chevreuil fit signe que non, de la tête.

    Ida repartit dans le tunnel alors que le bourdonnement de voix excitées reprenait. Il lui fallut faire un effort pour avancer, accablée par un poids insupportable. Elle se torturait l’esprit, tentait d’imaginer toutes sortes de raisons, de motifs pour expliquer cette monstrueuse ignominie, ce crime perpétré contre la beauté et la paix de toutes les forêts. Mais Ida la Généreuse ne pouvait pas, ne savait pas connaitre le mal.

    Elle ralentit plusieurs fois sa progression dans la galerie, se retourna pour scruter l’obscurité phosphorescente, avec la pénible sensation d’être suivie. Son regard ne portait pas bien loin, elle ne décela aucune présence. Elle s’arrêta, confuse, face à trois galeries. Où aller? Comment ne pas se perdre? Retrouverait-elle la cave où attendaient Gladys et Hansi? Que faire? ( à suivre, oui, mais quand?)

     

     

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  • Voici la fin du chapitre 8, mais, rassurez-vous, nous sommes encore loin du dénouement qui, j'en suis convaincu, vous arrachera des oh d'étonnement...

     

     

     

    Suite et fin du chap. 8

     

     

    Les génies de la forêt

     

    • Fées et mystères dans les VosgesJe… je… j’hallucine, ils sont vivants?
    •  Bien sûr qu’ils sont vivants, ce sont nos animaux de compagnie, il n’y a là rien d’extravagant, expliqua Archie. Tiens, je te présente Cleo ma copine la souris, nous nous entendons très bien. Nous sommes des inséparables, et là, je te présente Grunie, toujours en éveil, pas vrai Trolette?
    •  Tu peux le dire, elle et moi ne faisons qu’un.
    •  La famille s’agrandit on dirait, plaisanta Peter. Je vous salue Cleo et Grunie, vous avez droit à toute ma considération. Maintenant, réfléchissons.

    Trolette leva la main.

    •  Je ne sais pas si c’est important, mais le Borgne nous a confié avoir entendu deux chasseurs se plaindre. Ils ne comprenaient pas ce qui se passait dans la grande forêt de la Weide. Il n’y aurait plus de gibier, que la forêt était plus silencieuse qu’un cimetière, n’est-ce pas Archie?
    •  Oui, pour les chasseurs, le réchauffement climatique ne pouvait, à lui seul, tant transformer la forêt.
    •  Dans ce cas, il ne faut pas hésiter, c’est certainement un indice, il faut y aller suggéra Peter en se levant d’un bond

     

    _._._._._._._._._._.

     

    •   J’ai peur Ida, j’ai très peur, que s’est-il passé? Qui nous veut du mal?

    Hansi prit la main de Gladys dans la sienne et tenta de se faire rassurant.

    •  N’aie crainte, tout cela ne peut être qu’un mauvais rêve et, si ce n’est pas un mauvais rêve, nous en sortirons et la vie reprendra… Je ne sais pas ce que ces gens nous veulent, peut-être le saurons-nous bientôt. En attendant, garde confiance, je suis certain qu’on nous recherche.
    •  Hansi a raison, Gladys, notre disparition a mobilisé toutes les forces de la forêt…Nestor doit faire des pieds et des mains pour nous retrouver. Heureusement que  nous sommes ensembles. Nous ne devons pas nous laisser abattre tant que nous ne sommes pas séparés.

    Ida la Généreuse se laissa aller contre la paroi sombre de la grotte où ils étaient enfermés. Des centaines de vers luisants créaient un éclairage doux, rassurant. L’endroit avait le mérite d’être sec et pas trop froid. Ils ne souffraient que de cette détention incroyable, d’autant plus incroyable qu’aucun ne pouvait dire comment ils s’étaient réveillés dans cette cave.

    •  Mais toi, Ida, qui sait tout, comment notre mémoire peut-elle se refuser à toute explication? J’étais sur les chaumes et me régalais du spectacle de chevrettes qui faisaient les folles. Je me souviens d’un courant d’air très froid, puis plus rien
    •  Je ne sais pas Hansi. Je me souviens seulement du Défilé de Straiture et m’être penchée au-dessus d’un ruisseau et puis plus rien. Puisque tu en parles, je me souviens maintenant d’un courant d’air froid… Je me suis réveillée ici, avec vous. Et toi, Gladys, qu’as-tu comme souvenir?
    •  Aucun, vraiment. Je voulais me promener sur les rives du lac et regarder les bancs de perches… Je me souviens m’être penchée pour faire un signe aux poissons, puis un grand vide. C’est ici que j’ai ouvert les yeux.
    •  Qui sont ces gens, car il s’agit bien de gens, pas de courants d’air, qui sont ces gens qui nous ont enlevés?
    •  Aucune idée mon petit Hansi. Plusieurs fois j’ai entendu des bruits de voix, des bruits curieux, des kliks et des kloks rapides qui faisaient penser à une musique. L’aurai-je imaginé?

    Le front d’Ida la Généreuse se plissa, le regard fixé sur le fond de la cave. Elle se leva, plaça plusieurs vers luisants sur sa paume et se dirigea vers le mur. Elle observa de près la paroi qui n’était qu’une sorte de terre compacte. Elle murmura, pour elle même,

    •  Ah oui, je sais, maintenant je sais…

    Puis s’adressant à Gladys et Hansi,

        -    Les enfants, je sais où nous sommes. Il y a des traces d’argent dans la terre, nous ne sommes pas dans une cave mais dans une galerie de mine, une mine d’argent, et je n’en connais qu’une. Nous sommes de l’autre côté du Col des Bagenelles…

    •  Cela change quoi, mère de toutes les petits fées?
    •  Eh bien, nous savons que nous ne sommes pas très éloignés de nos amis, de l’Etang du Devin. Voilà de quoi reprendre confiance…

     

    _._._._._._._._

     

    Au bout de quelques pas, Peter se souvint qu’il avait laissé son auto devant le pont qui conduisait chez Eusidhre, la sorcière. Il s’étonna de sa démarche si dynamique , ses pas effleuraient à peine le sol.

    Un effet secondaire du trope de la sorcière? Tout aussi étonnant, Trolette et Archie, malgré leur petite taille, suivaient sans effort les grandes enjambées de Peter.

    La lumière plus vive indiquait la sortie de la forêt ainsi que l’amorce d’une grande prairie vallonnée. Ils avaient presque atteint l’orée lorsque que des sifflement les entourèrent. Des ronces tentaculaires gigotèrent sur le tapis d’aiguilles, prirent la forme de lassos et s’emparèrent des chevilles de Peter, horrifié. Ses jambes étaient prises dans un étau aux piquants qui lui labouraient la peau. Il se vit transformé en épouvantail quand une des ronces siffla dans l’air et s’enroula en immobilisant son bras droit. Il entendit Trolette en colère, élever la voix.

    •   Vous arrêtez immédiatement! Vous croyez que vous êtes drôles? Je compte jusqu’à 3 et si vous ne libérez pas Peter et, si vous ne disparaissez pas de ma vue, je demande à Eusidhre de venir vous arroser avec sa décoction de bave de crapaud!

    Cleo, la souris blanche, fit un bond et plongea dans les cheveux emmêlés d’Archie, tandis que Grunie se leva sur ses pattes et coassa deux fois.

    •  Un… deux…

    Les ronces sifflèrent encore plus fort, se déroulèrent et libérèrent ainsi le malheureux Peter, encore sous le choc.

    •  Mer… merci, Trolette… Je n’ai rien compris à ce sortilège, j’en tremble encore, merci, mille fois merci
    •  Remets-toi, Peter, conseilla Archie, les mauvais Génies de la forêt ne savent pas quoi inventer pour tourmenter les promeneurs. La plaisanterie est malheureusement piquante!
    •  Tu veux dire que toi et Trolette vous êtes épargnés?
    •  Exactement, ils ont essayé, il y a longtemps et ont vite compris que nous ne sommes pas des plaisantins. Ah, voilà, on sort de la forêt.

    Des prairies en pente douce s’inclinaient vers un vallon d’où dépassait la cheminée d’une ferme. Juste en face, à la limite de la crête, commençait la forêt de la Weide.

    •  Avant d’aller plus loin, on va pouvoir faire une halte à la ferme du Suédois, suggéra Trolette.
    •  Il y a un Suédois dans cette ferme?
    •  Mais non, Peter, la maison est vide depuis des années, à cause de sa mauvaise réputation
    •  Il y avait un Suédois?
    •  Oui, autrefois. C’était à l’époque où les Suédois ravageaient tout l’est de la France, jusqu’à la Méditerranée… La triste époque des guerres de religion… Quand ils sont remontés vers le nord, l’un d’eux, Olaf, est resté pour cultiver la terre et s’établir. Sacré bonhomme… Il savait faire un bonheur de pommes de terre rôties, et je ne te parle pas de tout ce qu’il distillait!
    •  Attends, Archie, ne me dis pas que tu l’as connu?

    Archie et trolette pouffèrent de rire, sans répondre.

    •  Dites, vous me faites marcher, n’est-ce pas?

    Les deux comparses haussèrent les épaules et levèrent les yeux au ciel, tout en grimaçant.

    •  Mais oui que vous me faites marcher…

    Peter traina sur les derniers mots, pris d’un doute. Il se remit en marche et on pouvait l’entendre grommeler:

    - Pas possible… pas possible… Mauvaise réputation…( à suivre)

     

     

     

     

    Chap. 9  La mine d'argent

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Vous me l'avez si gentiment demandé, je cède à vos souhaits, voici donc la suite du chapitre 8... Bonne lecture!

     

     

     

    Fées et mystères dans les Vosges

     

    Chap. 8. Les génies de la forêt (suite)

     

     

     

    •  Peter!

    La voix d’Archie! Par quel miracle

    •   Avance sans crainte, Peter… C’était la voix de Trolette quelle douce musique!Fées et mystères dans les Vosges (suite)

    Enfin il les vit, dans l’entrée de ce qui pouvait être une grotte.

    •  Salut les amis! Vous m’avez manqué! Je suis vraiment content de vous voir… mais, ajouta-t-il, la voix tremblante, avez-vous des nouvelles des disparus?
    •  Du calme Peter, non nous n’avons pas de nouvelles des disparus, hélas. Quant à Nestor, je peux te dire qu’il fume de colère, qu’il trépigne d’impatience et qu’il se ronge les ongles.
    •  J’en suis navré. Dis-moi, que s’est-il passé depuis la cabane d’Eusidhre la sorcière?
    •  Ne dis pas que c’est une sorcière, lui rappela Trolette, sur le ton d’une institutrice qui corrige un enfant. Elle nous a fait boire du Trope, mais je crois qu’elle a forcé sur la dose.
    •  Tu peux le dire, renchérit Archie, je ne dis pas, on s’est retrouvé à Perpète-les-Zouilles!
    •  Comment m’avez-vous retrouvé? Vous devez avoir un flair extraordinaire, ou alors il s’agit d’une coïncidence miraculeuse!

    Archie se tordit de rire et laissa, malgré lui, la parole à Trolette.

    •  Figure-toi qu’on tournait en rond, sans savoir où nous jeter, quand, par bonheur, on a croisé Le Borgne avec qui tu as parlé. Et voilà
    •  Formidable! Mais que faites- vous dans cette grotte!
    •  Ce n’est pas une grotte, Peter, c’est un tunnel qui nous a évité de passer dans cette forêt où de méchants génies nous auraient compliqué la vie.
    •  De qui parlez-vous, qui sont ces mauvais génies? Pourquoi mauvais? Et c’est quoi ce tunnel?
    •  Chaque chose en son temps, Peter, reprit Archie, tu ne t ‘en doutes pas, mais tu as fait un sacré bond depuis le défilé de straiture. Ici, tu te trouves sur la Tête des faux. l’Etang du devin se trouve juste là, en bas. Il y a de nombreux tunnels qui ont été percés par des mineurs bavarois, des chambres, des dortoirs, des dépôts, on en connait tous les parcours. Tout ça pour se protéger des chasseurs alpins français installés sur le crête.
    •  Je sais, je connais l’histoire de cet endroit qui a connu tant de misères, tant de douleurs. Je ne savais pas que la montagne était percée, comme un gruyère. Parlez-moi des mauvais génies.
    •  Ils ne sont qu’une poignée, ils hantent le sommet et se montrent très désagréables avec les promeneurs. Ils ne veulent pas être dérangés. On dit qu’ils égarent les randonneurs qui seraient surpris par le brouillard. On ne les craint pas, mais on les évite.
    •  Bien, soupira Peter, il faudrait décider de la marche à suivre, établir un plan et ne pas nous séparer. Le Borgne a parlé d’un grand malheur, êtes-vous au courant?
    •  Oui et non, ce sont en effet des bruits qui courent, mais en fait, on ne sait pas qui propage ces rumeurs… Mais…
    •  Mais quoi?
    •  Jeremy le Grand Duc a dit que tu ne serais pas seul, que tu aurais de l’aide. Tu vois, nous sommes là, de plus, il est fort probable qu’on obtienne des indices de nos amis de la forêt.

    Peter opina du chef, anxieux cependant, quant à la valeur et la validité de ces indices. Il se secoua, comme pour ch assez des pensées importunes. Il soupira.

    •  J’ai en tout cas une grande faim, et vous, vous ne mangez jamais?
    •  Oh que si, Peter, j’allais d’ailleurs proposer une halte, nous ne sommes plus très loin de notre restaurant.
    •  Tu plaisantes, il n’y a pas de restaurant dans les environs!
    •  Laisse faire Trolette, Peter, tu seras étonné.
    •  Nous sommes arrivés, clama Trolette, en indiquant du doigt un poteau indicateur, planté à la croisée de trois chemins. Le coin des corbeaux, c’est là notre restaurant.
    •  Tu vois cette pierre creuse, c’est du grès, creusé par la pluie depuis des années et des années.

    Trolette sortit un flacon de sa poche de poitrine et en versa quelques gouttes dans le creux de la pierre. Un crépitement accompagné par des jets de vapeur, puis un bouillonnement dégagèrent une forte odeur appétissante de soupe aux légumes.

    •  Voilà, c’est prêt, dit Trolette, en sortant 3 cuillères de la même poche.

    Peter, la bouche ouverte, les yeux arrondis, oublia de respirer, tant il était fasciné par ce tour de magie.

    •  C’est quoi ce sortilège Trolette…je…
    •  Goute, d’abord, tu ne trouveras nulle part de meilleure soupe.

    Peter plongea avec un brin d’hésitation sa cuillère dans la soupe fumante. Il la porta lentement vers sa bouche, tout en observant du coin de l’oeil Trolette et Archie dans le cas où il s’agirait d’une farce.

    •  En effet, elle est succulente, mais je ne comprends pas. C’est de la magie, de la sorcellerie?
    •  Ni l’un, ni l’autre. C’est une recette de celle que tu appelles la sorcière, tu ne te sens pas un peu ballot, maintenant?
    •  Vraiment désolé, Trolette, je me suis trompé, cette soupe est un régal.
    •  Tant mieux, alors mangeons.

    Archie s’approcha de la soupière, ôta son chapeau et plongea sa cuillère dans la soupe Trolette fit de même, en enlevant aussi son chapeau hideux.Peter laissa sa cuillère en suspens, bouche-bée. Une souris blanche le regardait depuis le sommet chauve de la tête d’Archie, tandis qu’une grenouille verte se prélassait dans la chevelure rousse de Trolette.

     

    •  Je… je… j’hallucine, ils sont vivants?
    •  Bien sûr qu’ils sont vivants, ce sont nos animaux de compagnie, il n’y a là rien d’extravagant, expliqua Archie. Tiens, je te présente Cleo ma copine la souris, nous nous entendons très bien. Nous sommes des inséparables, et là, je te présente Grunie, toujours en éveil, pas vrai Trolette?
    •  Tu peux le dire, elle et moi ne faisons qu’un. ( à suivre )
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  • Qui aurait cru que je reverrai John Le Rectangle? Il arriva, sans préavis, certain de retrouver sa chambre.Il faut dire qu'il m'étonna lorsqu'il me demanda d'aller s'asseoir devant la cheminée... Allait-il se livrer?

     

     

     

    Confidences exclusives de John Le Rectangle

     

     Non, Mao n'est pas mort...Attention, c’est du lourd, du très lourd…

    John Le Rectangle a eu besoin de reprendre du repos, il est alors, revenu s’installer dans la chambre qu’il occupa durant le Grand Confinement.

    C’est là qu’il écrivit:                                  

    ...et IL  ressuscita Madonna

    De très bonne humeur, en savourant une excellente mirabelle, devant la cheminée ronflante, il se laissa aller à des confidences…

    Sais-tu, me dit-il, que l’Europe est passée à deux doigts d’un anéantissement ? Le rideau de fer, comparé à ce qu’ont mijoté les Chinois, est une aimable gaminerie.

    Intrigué, je ne voulus pas interrompre John Le Rectangle, trop heureux de l’entendre se confier ainsi.

    Hélas, c’est là qu’il s’arrêta, le regard plongé dans la cheminée. Le silence s’éternisant, je lui resservis un verre de mirabelle et osai lui demander :

    - Qu’ont fait les Chinois ?

    Il mira l’alcool, le verre tendu vers les flammes, sembla se concentrer et me dévisagea.

    - Je termine actuellement l’écriture d’une mission, d’une véritable épopée, qui met en cause la volonté des Chinois de dominer le monde. Leurs missiles, leurs porte-avions, tout ça n’est qu’un leurre destiné à endormir les Occidentaux si naïfs

    Les Chinois tendent le doigt vers la lune et tous les idiots regardent le doigt…

    Ce qu’ils ont imaginé, ce qu’ils ont mis en œuvre dépasse tout ce que les plus fins stratèges auraient pu imaginer, un projet diabolique, hallucinant…

    - Quel projet ?

    - Le monde libre le saura lorsque j’aurai terminé mon ouvrage.

    - Je… Vous avez un titre ?

    - Non, Mao n’est pas mort 

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