• La Saga de Luc ( suite )

    Je m'aperçois que de nombreux textes sont répétés, je ne comprends pas, j'ai envie de jeter mon ordi par la fenêtre... Comment faire de l'ordre dans toutes ces manipulations?

    Pour celles et ceux qui voudraient s'éviter de comprendre ces mauvaises manipulations, il reste le texte en entier;

    La Saga de Luc

    disponible aux Editions les 3 Colonnes

     

     

     

    La fête du Sablon - Les cousines - La quête

    L’espérance et le Philharmonique - La lessiveuse

     

     

     

     

     

    Une effervescence, une fébrilité inhabituelle agitait le monde des enfants : les premières voitures des forains arrivaient pour la fête du quartier. Pendant une longue semaine, avec deux dimanches, les lumières les bruits, les cris et les odeurs allaient révolutionner le quartier en irradiant les rues depuis la place de l’école. Des camions aux museaux raplatis manoeuvraient dans des grondements de moteurs pour placer des remorques et des roulottes chaussées de bandages pleins. Ce veinard de Jeanjean proposa juste à temps ses services. Sa participation au déchargement et à la mise en place des cales en bois destinées à stabiliser la structure de la chenille, allait lui rapporter cinq à dix tours gratuits. Quand Luc réussit enfin à vaincre sa timidité, toutes les places étaient pourvues. - Désolé mon petit gars, il n’y a plus rien pour toi, fallait venir plus tôt. Il s’éloigna, dépité, prit le ciel à témoin, oui rumina-t-il, je ne pouvais pas venir plus tôt, Jeanjean, lui, n’a pas besoin de faire la vaisselle, ses deux grandes sœurs s’occupaient de tout, alors... Il alla rôder autour de la grande roulotte de la confiserie, encore ému par le sourire échangé l’année passée avec la fille des patrons. Elle ne pouvait pas ne pas le reconnaître. Deux hommes, torse nus, sortaient du matériel d’une remorque. Il s’en approcha craintivement quand il remarqua la fille assise en haut des marches de la belle roulotte. Elle croquait une pomme, le vit et lui lança un grand sourire ce qui eut pour effet de le faire rougir. Il se traita d’andouille, s’en voulut de ne pas savoir contrôler ses émotions. Il aurait dû rester, faire le brave, proposer ses services. Non seulement il aurait eu l’occasion en or de parler à la fille devenue rudement mignonne, mais en plus, le moment venu, elle lui aurait peut-être servi des parts généreuses de nougat râpé, son régal. Il croisa Pinpin. - T’as vu Luc, des autos tamponneuses cette année, c’est vachement bat! Le montage commençait en effet à l’autre bout de la place, juste à coté du stand de tir. La vache, oui, ça allait être sensass. De plus, il y aurait un grand repas ce dimanche, avec des invités, et pour que ce soit vraiment la fête, sa mère achèterait un poulet, ferait des tartes et des brioches. Les écoles participaient aussi à la fête du quartier, pas classe le lundi! La bonne humeur ainsi qu’une certaine forme d’excitation faisaient vibrer toute la rue Saint Livier, un peu comme avant Noël, le soleil et la chaleur en plus. Le clocher indiqua seulement quatre heures mais Luc décida de rentrer et de montrer le maximum d’empressement, d’une part dans l’espérance d’arracher à sa mère l’autorisation de rester dehors le soir, jusqu’à neuf heures, et pourquoi pas, arracher quelques pièces pour des tours de manège. - Ah te voilà, tu arrives bien, j’ai justement de l’eau chaude, je vais te laver. Tu es crasseux comme un peigne, à me faire honte dans le quartier, allez, déshabille-toi! Quelle horreur! Le samedi et sa séance obligatoire de lavage! Il avait bien tenté de se rebeller, de faire valoir ses dix ans, sans obtenir plus de résultat qu’une gifle. Il se dévêtit dans le coin sombre de la cuisine, le dos tourné, il s’avança ensuite vers la cuisine, les deux mains croisées sur son sexe. Hélas, il fallait bien monter sur l’évier, et pour se faire, les deux mains s’avéraient indispensables. Comme à chaque fois, il se cogna la tête dans le placard en se redressant, serra les dents et présenta son dos. Sa mère maniait le gant de toilette avec autant de force qu’un palefrenier qui étrillerait son cheval. Le garçon attendait et redoutait l’instant décisif, celui où il devait ravaler sa révolte. - Allez, tourne-toi maintenant, je n’ai pas que ça à faire! Il se retourna, les mains plaquées sur l’endroit névralgique. - Enlève tes mains, enlève-les que je te dis! Il l’aurait fusillée. Un claque, une mauvaise, une qui fait le bruit sec d’un pistolet à amorces le força à obtempérer, lui le seigneur des mers et des océans! - Tu en fais bien des manières pour ton misérable asticot, lève les mains plus haut ou tu en prends une deuxième. Comme les fois précédentes, Luc adopta l’attitude qui lui semblait la plus digne, il croisa les bras et regarda par la fenêtre ouverte, il attendit que ça se passe. - C’est terminé, regarde un peu la crasse dans la bassine! Quel plaisir après ce désagrément d’enfiler des vêtements propres, de se sentir tout neuf! - Marion, c’est ton tour! La petite fille avait largement anticipé et gambadait dans la cuisine, nue, une poupée serrée dans les bras. - Tu n’es qu’une pisseuse qui se promène cul nu énonça son frère, sans attendre de réponse. Il s’approcha de la cuisinière, résista cependant à la tentation d’ouvrir la porte du four d’où sortaient des odeurs vanillées. Il sonda le plafond, inspira à petits coups. Streusel ou tarte au sucre? Qu’importe, les deux étaient vachement bons. Des explosions montaient de la rue, les premiers pétards de la fête donnaient de la voix, accompagnées de cris et de rires. C’est la tante Martine qui serait l’invitée le lendemain elle présenterait son nouveau Jules. Les trois cousines viendraient aussi, Eliane, Carmen et Monique. Luc l’apprit en surprenant une conversation entre sa mère et Maurice. - Elle va venir avec son dernier mec, s’il reste, il a bien du mérite pour se mettre sur le dos une divorcée plus quatre filles... La quatrième, Lucie, restait à la campagne, élevée par les grand-parents. - Mais Nounou, il est certainement gentil ce Paul, suggéra Maurice mal à l’aise pour argumenter. Et puis, certaines comparaisons s’avéraient assez délicates, ne vivait-il pas en compagnie d’une divorcée, mère de quatre enfants? La réflexion de sa mère réveilla des souvenirs enfouis au plus profond de sa mémoire. Oui, brusquement il revoyait le ciel bleu vif, les galets, les vagues et les cris des goélands. Ils habitaient un hôtel, l’odeur écœurante du potage aux carottes lui sauta au visage. Mais oui! Marc, son grand frère était présent, il l’avait complètement oublié celui-là. Et cet autre garçon aux cheveux frisés, alité? Sa mère l’avait embrassé et lui avait dit, la voix chargée de sanglots, - Bonjour Dany, c’est moi ta maman, tu me reconnais? Le garçon la fixa de ses yeux fiévreux sans répondre, il se tourna sur le coté, vers le mur. Un beau soleil chauffait la plage de Saint Raphaël, chassant pour un temps le froid de Janvier. Luc et sa sœur découvraient la mer. Marion courait en poussant des cris aigus au devant des vagues. Il se souvint nettement qu’elle trébucha et tomba les fesses dans l’eau. Sa grande culotte en laine bleue, gorgée d’eau lui tombait sur les genoux. Protégée par deux rochers, sa mère en pleine séance de bronzage lui cria, - C’est bien fait pour toi, gèle-toi les fesses et ne viens pas m’embêter! Toutes ces images en apparence confuses, cependant aussi nettes que des photos, se succédaient dans un désordre qu’il fallait maîtriser. Il y eut un retour, long et pénible, une impression de voyage dans un tunnel sans fin. Le wagon était sombre, glacé et bondé. Une image plus forte jaillit. Il voulut aller aux toilettes et se faufila entre les grandes personnes debout dans le couloir. Arrivé enfin à l’extrémité, un déhanchement brutal du wagon ouvrit la portière, un souffle glacé le happa et il tomba dans le vide de la nuit. Un homme le rattrapa de justesse par les cheveux, l’homme et l’enfant roulèrent entre les jambes des voyageurs. Un visage flou, une forte odeur de tabac, c’est tout ce qu’il lui restait de cet épisode. Des voix de femmes aussi. - Quelle honte! Elle est où sa mère? Laisser un gamin se promener seul dans un wagon la nuit! - Oui, c’est bien malheureux, il y a des coups de pieds dans le cul qui se perdent, après tout ce qu’on a vécu, quelle époque! A moitié endormi, les genoux raidis par le froid, par la bise qui cinglait ses jambes nues, Luc revit la gare où il fallut changer de train. Des rafales de neige filaient presque à l’horizontale sur les quais, il était fatigué, transi, tenaillé par la faim. Marion marchait en dormant. La fin du voyage se perdait dans un oubli curieux, comme une anesthésie. Partis à quatre, ils revenaient à trois. Marc était resté à Saint Raphaël. Luc émergea lentement de ses souvenirs, sa mère terminait une phrase. - ...à poil, oui, à poil! Quelle honte, et dans les escaliers en plus, cette traînée! Se faire photographier à poil, et elle dit que c’est de l’art! - C’est ta sœur Nounou, tu ne dois pas la juger, c’est sa vie, et si elle se fait bien payer, que ça lui rapporte... - Tu parles! Un polichinelle dans le tiroir, ça oui, sur les quatre filles, pas une qui se ressemble! Luc connaissait bien les intonations de sa mère, et la jalousie maladive qui transparaissait dans. ( à suivre )

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