• La Saga de Luc (suite)

    A tout mon lectorat "joyeuses fêtes de fin d'année, un noël familial; de la paix et de l'espoir...

     

     

     

    La Saga de Luc (suite )La Saga de Luc  (suite)

     

     

     

    Le bunker du Japonais - La distillerie - Les lapins sont des cons

    Le radeau sur la Seille - La culotte de Lucette

     

     

     

     

    - On pourrait peut-être demander à la Droguerie? Pinpin baignait dans l’extase, ce qui ne l’empêchait pas de rester curieux. - Qu’est-ce qu’il a gueulé le Japonais! C’est quoi les roupettes qu’il voulait nous couper? Aucun ne savait. Après réflexion, Luc proposa, - Il est sûrement dingue, nous on en n’a pas. Il devait penser aux boches, ouais, on dit bien que les gigolos ont des rouflaquettes, les boches devaient avoir des roupettes pendant la guerre... Il fut décidé après cet instant, en conseil, de ne plus fréquenter pendant un certain temps la réserve de carbure, ce qui laisserait la possibilité aux lézards de se refaire des queues. Le soleil tapait dur lorsqu’ils arrivèrent à la hauteur de la casemate occupée maintenant par une distillerie. C’est là que l’an passé, Jeanjean faillit périr comme dans un film de Tarzan. Pour plus de commodité, les déchets de la distillation, principalement des noyaux de mirabelles et de quetsches, remplissaient le trou d’un cratère de bombe. La surface bien lisse semblait dure et stable. Jeanjean souhaita la tester. Ses jambes s’enfoncèrent immédiatement, sa grimace incrédule se transforma en moue de dégoût lorsque le magma de noyaux dérangé exhala des odeurs de fruits pourris et d’alcool. Sa ceinture disparut, engloutie. - Hé les mecs! Je m’enfonce! C’est des sables mouvants! Aidez-moi, vite! - Mon frère! Au secours! Vite, il pourra pas avaler tous les noyaux! Et ce crétin de petit Yvan qui faisait un grand geste d’apaisement, planté comme un poireau, le menton soutenu par une main, concentré sur des solutions fumeuses! Il s’adressa à Jeanjean, - Panique pas mec, d’abord c’était une petite bombe, une cinq cent livres tout au plus, si, si, alors ça doit pas être bien profond... Bien sûr, si deux bombes sont tombées en même temps dans le même trou, je ne dis pas... Mais les statistiques... Jeanjean n’écoutait pas, insensible sur ses chances théoriques. Il restait curieusement calme, malgré la masse jaunâtre qui atteignait ses aisselles. Une très forte odeur d’alcool sortait du trou. - Il faudrait des couvertures! - Andouille! On n’a pas de couvertures, rugit Luc, occupé à casser une grosse branche. Vexé, le petit Yvan insista, - Il faudrait trouver des lianes, comme dans le film. - T’en as plein la culotte des lianes, c’est pas la jungle ici, aide-moi à la casser cette saloperie de branche! Jeanjean avait déterminé depuis un bon moment qu’une seule bombe avait créé le cratère, car ses pieds touchaient le fond, ce qui lui permettait d’apprécier calmement le plan de sauvetage. Ce salaud se laissa tirer sans faire le moindre effort d’accompagnement. Il resta allongé dans l’herbe, dégoulinant de jus et de noyaux, enchanté par son expérience. - Ben, tu vas bouger maintenant? Tu ne vas pas rester couché là, ou alors tu attends que Jane vienne te rouler une pelle? Eh Tarzan? Plus tard, ils évoquèrent souvent ce tragique sauvetage, assis autour du feu dans leur quartier général. Au fil du temps, Jeanjean avait sombré dans les noyaux, seuls quelques bulles d’air indiquaient son emplacement. Tous couchés sur le sol pour former une chaîne, Luc l’avait saisit in-extrémis par les cheveux en le sauvant d’une mort horrible. Chacun savait bien que ce n’était pas vrai, mais pour le plaisir d’évoquer la peur rétrospective, ils étaient prêts à jurer le contraire. Et dans les grands moments, quelle belle envolée pathétique quand Jeanjean, la voix cassée, rappelait, - Tu te souviens Luc, quand tu m’as sauvé la vie? La route goudronnée s’arrêtait après la distillerie, prolongée par un chemin sablonneux. Ils devaient passer devant une vieille fermé fortifiée, étrange, inquiétante. L’entrée ressemblait à un arc de triomphe en grosses pierres de taille noircies par le temps. Une plaque gravée, sur la gauche, indiquait que Charles-Quint y avait tenu ses quartiers pendant le siège de la ville. Ils mouraient d’envie de pénétrer dans l’enceinte, mais les crocs formidables d’un gros bâtard blanc les refroidissaient à chaque fois. De plus, deux garçons de leur âge, les cheveux en bataille, le nez barbouillé de morve, leurs lançaient des pierres tout en excitant le chien. Pour cette raison, une certaine appréhension les incitait à accélérer le pas en arrivant à la hauteur de la ferme des barbares. Le chemin descendait ensuite en pente vers les champs et les prairies qui bordaient la Seille. Au passage, ils s’obligèrent à une halte dans un champ de carottes, juteuses et sucrées. Ils avançaient accroupis, les fesses vers le ciel, croquaient les racines oranges, jetaient les fanes par dessus l’épaule, un œil toujours rivé sur la hauteur, dans le cas où les barbares feraient une sortie. Après la voie de chemin de fer qu’il fallait traverser, le chemin se rétrécissait, enclavé entre deux épaisses haies d’aubépines et de mûriers abritant du regard un ruisselet seulement perceptible par des notes cristallines. Les taillis se raccourcirent, découvrant une praire coupée ça et là de fourrés, et bordée de rangées de peupliers le long de la rivière. Plusieurs fois déjà, ils eurent la prétention de chasser les lapins, armés de leurs lance-pierres. Désabusés après quelques tentatives, ils décrétèrent que les lapins étaient des cons, qu’ils couraient n’importe comment. Ce qui n’empêchait pas les chasseurs en herbe d’affirmer en avoir touché un, et gare à celui qui décelait une lueur moqueuse dans le regard de son interlocuteur. - Hé les mecs! s’exclama Pinpin, regardez! La troupe s’arrêta. Ils virent deux corps dépassant d’un taillis, allongés dans l’herbe et des fesses qui se soulevaient à un rythme régulier. Deux garçons, des grands d’au moins quatorze ans se relevèrent en s’esclaffant. L’un d’eux leur tournait le dos tandis que le second faisait face aux enfants, tous deux essayaient sans trop de hâte de faire rentrer un énorme zizi tout raide dans leur culotte. Hypnotisé par les sexes, Jeanjean bégaya, - Hé les gars, c’est quoi ça? Le plus grand réussit en se pliant à se reboutonner. Il répondit, - C’est ma troisième jambe les gosses, je l’avais mise au frais! Jeanjean n’en revenait pas, en les regardant s’éloigner derrière les peupliers. - Vous avez vu ça? Les pauvres mecs, y sont pas normaux, putain! Pinpin regarda Luc. - Ils racontent des conneries, leur troisième jambe touche pas le sol, d’ailleurs y avait pas de chaussure dessus... Ils s’approchèrent, intrigués, de l’endroit où l’herbe couchée conservait la forme des corps. Deux trous noirs, bien ronds transperçaient le milieu des formes Ils scrutèrent à genoux les orifices, méfiants et sur leur garde. Les carottes qui gargouillaient dans les estomacs, le bruissement de la brise dans les feuillages, le soleil brûlant, et la vue des énormes excroissances avaient jeté un trouble que brisa Pinpin. - C’est vrai qu’il fait vachement chaud, je vais essayer moi aussi. Il se coucha ( à suivre )

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