• La Provence à pied. 3

     

    La Provence à pied. 3

     

     

    La montée vers les anges

    Pic des mouches – La sainte Croix

     

    Les pierres roulent sous les semelles, un festival d’odeurs câlines flatte nos narines, l’air si pur, ravigote. La colonne s’étire, à l’assaut du sommet qui se dérobe au regard. La ligne de crête se grave dans l’azur d’un ciel sans nuage. Les regards s’y portent, avec optimisme, pour vite déchanter : la bougresse (la ligne de crête) camouflait un autre sommet à conquérir. Heureusement, quelques arrêts judicieusement répartis, permettent d’admirer un paysage et des perspectives éblouissants de beauté, vibrants de sérénité. Le pied !

    Changement de climat à la cote 634. Des éclats de voix perturbent la quiétude des pentes. Des échanges verbaux ricochent entre les pieds de romarin et de serpolet. Les arguments claquent, montent en crescendo, s’apaisent… et repartent de plus belle, pour s’éteindre à la cote 710. Oui, 76 mètres de dénivelé furent nécessaires pour admettre qu’une grande sortie à la journée, éloignée, de plus, imposait un départ à 8 heures, pas à 9 heures. Bien, mais qui proposa ? Qui reconnut le parcours ? Qui, argumenta le plus ? Qui manifesta le moins de mauvaise foi ? Seul le ravi du village serait assez sot pour prendre parti. Encore que… Qu’aurait-il compris à la logique et à la dialectique du Haut Etat-Major ?

    Les odeurs citronnées du thym sauvage font délirer certains, dont moi, qui entendent rissoler des cuisses de lapin dans un faitout. Normal, la faim tenaille les estomacs depuis quelques kilomètres. Le sommet, enfin ! Les premiers arrivés jonchent déjà le sol, le nez dans « Le Caprice des Dieux », ou dans des boites de  « Au joyeux maquereau », aux 5 parfums. A notre tour d’investir cette immense table à ciel ouvert et de nous répartir sur un lit dense de caviar animal, souple sous les pieds, gorgé d’odeurs authentiques. Quelle idée de s’arrêter sur un enclos où des générations de moutons ont contribué à la souplesse du sol ! Mais quelle vue ! Quel spectacle !

    Nous eûmes la joie d’assister à la démonstration d’un berger, qui du haut d’une éminence donnait des ordres à ses deux chiens, en contrebas. A droite ! A droite Taua ! Les deux bâtards rabattirent le troupeau de moutons avec un savoir-faire époustouflant. Plus loin, la nature nous gratifia d’une leçon de choses peu commune : une mante religieuse dévorait une guêpe encore vivante !

    Cette journée aurait pu être un joyau, rester à jamais gravée dans la mémoire collective, mais, hélas… Oui, hélas. Qui aurait pu croire cela de notre Présidente ? N’eut-elle pas l’idée de s’immiscer dans une conversation pour se gausser de la main du capitaine d’Anjou, ce héros de notre histoire ? A moi la Légion !

    Le comble de l’ignominie fut atteint lorsque deux voix féminines, rigolardes, excitées par un trop-plein de rosé, évoquèrent une main dans le pantalon d’un zouave, ou d’un tirailleur. Rester de marbre dans de pareilles circonstances démontre de la part de l’auteur de ces lignes, un sang-froid extraordinaire.

    Quel beau dimanche, n’est-ce pas ? Rassurez-vous, les absents, ceux atteints par de pseudo grippes, ou de maux de dos, vous nous manquèrent. Enfin, ce qui manqua le plus était un certain quatre quarts aux olives…

     

    Gérard Stell

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