• La Provence à pied 28

    Le soleil luit, ce matin, alors équipez-vous, vérifiez votre sac à doser...en avant, une belle forêt nous attend...

     

     

     

    La Provence à pied 

     

     

    Rando 28

     

     

     

     

    La Sainte Victoire

    En pays d’Aix, culmine à 1011 mètres. Peinte par Cézanne. 

     

    La Provence à pied 28Quel pacte inavouable, quel accord aux relents sulfureux, auront été passés avec LMU, notre Présidente, pour avoir droit à ce temps éclatant ? On peut se poser la question… Deux jours de ciel bas, des nuages ventrus, gris et noirs, riches de déluges sans fin, d’un vent gonflé d’âpres froidures. Et puis, aujourd’hui, ce ciel radieux, un soleil qui se tord de rire en voyant tous ces randonneurs couverts d’une riche couche de lainages ! Quel est donc son secret ? La danse des 7 voiles ? Ou alors, la bonne vieille méthode, à savoir allumer un cierge de 5 kilos ?

    Ne boudons pas notre plaisir et félicitons la, cela lui va si bien au teint et flatte tant son ego…

    L’automne nous la joue façon Berlioz : puissant et raffiné. Les essences à feuilles caduques nous offrent un kaléidoscope de couleurs changeantes et poignantes à la fois. Nous assistons au chant du cygne d’une végétation qui va tirer sa révérence, en attendant le printemps.

    Tout le monde arrive sur le parking qui surplombe la masse gris sale du barrage corsetant le lac de Bimont. Des regards inquiets se lèvent vers le sommet formidable. On se donne du courage. La montée est ardue. Certains s’arrêtent et s’épluchent comme des oignons, en enlevant des couches de vêtements, d’autres s’abreuvent, face à la plaine d’Aix.

    Tiens, que se passe-t-il ? Quel est cet émoi ? Ah oui, c’est le Grimpeux qui vient de s’apercevoir qu’il a oublié ses bâtons de marche, plantés lors de la halte précédente.

    -       Oui, dit-il, très content de lui, j’ai dû m’isoler pour une petite vidange, je les ai laissés sous un arbuste. Redescendre, avec mon mal de hanche…

    Il a pris pour habitude de perdre ses casquettes, de se faire enfermer à l’extérieur des ruines, mais cette fois, il innove, le bougre. Veut-il que quelqu’un se dévoue pour aller récupérer les bâtons ? Non, minaude-t-il, sur un ton penaud et accablé. Il y met tout ce qu’il faut pour que le groupe se sente coupable. Proposer une collecte pour lui en acheter de nouveaux ne change rien au problème. On ne va tout de même pas se le coltiner sur le dos pendant la descente, au prétexte qu’il souffre de sa hanche !

    Personne n’avait compté sur la réactivité de LMU qui se dit qu’il faut occuper le terrain. D’autant plus qu’il y a des nouveaux et qu’il faut leur en mettre plein la vue. Ils rentreront chez eux en chantant les louanges de la Présidente. C’est de la com !

    -       J’y vais, lance-t-elle, il ne sera pas dit que je laisserai un faible en plan !

    Les anciens n’en croient pas leurs oreilles. Ce n’est pas son truc, la bonté. Ce serait plutôt d’achever les blessés et d’ignorer les cadavres. Un nouveau se joint à la foulée de LMU. On en reste coi. On sort les chronomètres. Le temps de savoir les utiliser, la voilà déjà de retour, elle décoche son sourire n°24 pour la photo.

    -       Encore une, exige-t-elle, mon autre profil ! Et toi, le Grimpeux, tu vois ce que je fais pour toi, alors n’y prends pas goût, et ne nous fait pas le coup de ton dentier qui se serait échappé !

    Le sommet semble reculer à chaque pas, c’est un supplice. La montagne exige son tribut, le groupe morfle. Une randonneuse tombe, elle s’écroule. Son regard bascule vers le sommet, vers la croix qu’elle ne verra pas. Peut-être n’avait-elle rien à expier, elle ? Ses pieds n’en peuvent plus. Ils sont sourds à toute rhétorique théologique. Une amie se dévoua pour rester avec la malheureuse. Le groupe continua, amputé de deux membres.

    Plus tard, assis au soleil, le ventre bien garni, l’incident fut oublié. Mais de qui parlaient ces deux randonneurs, étonnés et envieux ?

    -       La vache ! T’as vu les nanas, ce qu’elles se mettent ! Mais t’as vu le pâté fait maison ? Et l’épaisseur des tranches ? Et cette odeur ! J’aurais pas dit non, si elles m’en avaient proposé !

    -       Ouais, et la bouteille de rouge, du Sainte Roseline, la vache, elles savent vivre !

    Quelques aventuriers partirent à la recherche d’un gouffre. Ils revinrent exténués, le moral à zéro, une heure plus tard.

    -       Alors, vous l’avez trouvé votre gouffre ?

    -       Euh, oui… En fait, il se trouve à 20 mètres, juste derrière vous… saloperie de GPS…

    Encore une belle journée où on se dit que la vie est vraiment belle.

     

    Gérard Stell

     

     

     

     

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