• Fées et mystères dans les Vosges ( suite )

    Peter ne veut pas renoncer, il fera tout pour retrouver Gladys... Tout? Jusqu'où veut-il aller? Est-il prêt à se laisser manipuler par la sorcière? Va-t-il accéder à sa demande? Dans quel piège s'est-il jeté? Mais, pour Gladys...

    Tant de questions! Je vais en profiter pour poser MA question : suivez-vous ce conte avec intérêt? Voulez-vous connaitre la suite? Avez-vous des questions? Si vous répondez "oui", ne soyez pas timide, parlez-moi sur gerard.stell@outlook.fr

    Bon dimanche...

     

     

     

     

     

    7  Le défilé de Straiture (suite)

     

     

      Fées et mystères dans les Vosges ( suite )fente, avec la lèvre inférieure meurtrie par une canine saillante qui avait pris domicile à l’extérieur de la bouche.

    •  Bonjour Peter, dit-elle, avec un sourire narquois qui dévoila encore plus la canine, de couleur orange.
    •  Bonjour, euh…
    •  Je m’appelle Eusidhre, mais pour mes amis je suis Sissi. Entrez donc.

    Peter s’attendait à un intérieur sombre avec des choses bizarres accrochées au plafond, mais l’intérieur était, au contraire, lumineux grâce à des ouvertures placées suivant la course du soleil. Les murs blanchis à la chaux étaient nus. Pour tout mobilier il n’y avait qu’une table aux pieds à peine équarris, et trois rondins en guise de sièges. Une porte se devinait dans un coin sombre. Archie tourna sur lui-même, les yeux arrondis, un pied levé, comme s’il allait détaler.

    •  Ah, Trolette, je vois que tu m’as amené ce sacripant d’Archie ! Je suis bien contente de le voir, c’est un bel homme.

    Archie se renfrogna. Ses oreilles virèrent au rouge écarlate, mais le compliment avait porté. Il se détendit et s’assit. Peter prit place sur l’invitation d’Eusidhre sur un rondin, avec les genoux sous le menton. Trolette prit la parole.

    •  Nous sommes venus te voir car tu m’avais dit avoir vu passer Ida la Généreuse et un temps plus tard Jeremy le Grand-Duc. Tu m’avais aussi parlé de bruits étranges… Tu sais bien pourquoi nous sommes ici ? Il nous faut une piste pour retrouver les disparus…
    •  Oui, je sais, les nouvelles courent vite dans nos forêts. Je sais que Nestor est dans une colère terrible, furieux et désemparé, ce qui est pire. Je ne voudrais pas être de ceux qui vont devoir affronter sa colère divine…
    •  Mais, Eusidhre, euh Sissi, quels sont ces étranges bruits que tu évoques ?
    •  Des bruits et des gémissements, au plus fort de la nuit, des pleurs parfois. Je me suis levée, je suis sortie plusieurs fois, mais dès ma porte ouverte je me trouvais devant un mur de brouillard impénétrable et alors les bruits cessaient.
    •  Des bruits tout près ou lointains, intervint Archie.
    •  Les deux à la fois, comme si mes oreilles me jouaient des tours.
    •  Tu ne crois pas que ce serait un appel ? demanda Trolette.
    •  Je me le suis demandé, mais au fond de moi-même, je me demande si ces appels ne seraient pas destinés à quelqu’un d’autre.
    •  Quelqu’un d’autre, mais qui ?
    •  Après réflexion, Peter, je me demande si ce n’est pas toi.
    •  Moi ! Ce n’est pas possible !
    •  Et pourquoi pas, murmura Eusidhre. Pensais-tu que nous voir était possible ? Nestor t’a investi d’un pouvoir magique qui te permet de te trouver avec nous. Peut-être peux-tu communiquer avec le monde secret de la forêt… C’est ta mission Peter, et tant de temps s’est déjà écoulé. Tu dois agir Peter.

    L’étonnement, l’incrédulité, la peur et la révolte se saisirent du visage de Peter. Il voulut parler mais aucun son ne sortit de sa bouche Il réussit enfin à articuler un faible :

    •  Agir ? Comment ?

    Eusidhre le fixa de ses petits yeux noirs, longuement. Elle leva la main et pointa son index sur le jeune homme.

    •  Comment ? Si tu le veux vraiment, si tu crois que rien n’est plus important pour toi, si le sacrifice ne t’effraie pas…

    Peter voulut crier, protester, mais un sentiment profond de fatalité, de résignation et d’acceptation vint à bout de sa panique.

    •  Le sacrifice ? De quoi parles-tu ?
    •  Il faut que tu fasses le voyage, que tu pénètres le monde des esprits, le monde des mystères… Il faut que tu voyages au-delà de ce mur de brouillard, que la crainte te soit étrangère, que ton cœur s’ouvre et que tu l’écoutes…

    Archie roula des yeux affolés, il bégaya,

    •  Tu… tu… ne veux pas… pas dire que tu…tu vas lui do…donner…
    •  Mais si Archie, il le faut, c’est le seul moyen.
    •  Bien sûr Archie, appuya Trolette, tu sais bien que c’est le seul moyen. Tu dois le faire Peter, maintenant.
    •  Quoi donc ?
    •  Mais le voyage, grand nigaud !
    •  Comment ? Où ?

    Eusidhre avait, pendant cet échange, versé dans un bol plusieurs poudres qu’elle délaya dans du jus de groseille.

    •  Tu dois boire cette préparation qui va te faire voyager. N’aie aucune crainte Peter, ta volonté sera toujours la plus forte.
    •  Je peux te demander ce que c’est ?
    •  C’est du trope, réservé aux grandes occasions, bois maintenant…

    Peter saisit le bol, le regarda comme si le liquide foncé allait lui parler. Il avait la tête vide, ne sentait plus son cœur battre, il n’avait plus conscience d’être. Eusidhre, Trolette et Archie se tenaient debout, visages impassibles. Ils soupirèrent à l’unisson lorsque Peter avala d’un trait le breuvage et qu’il s’enfonça dans un monde où le noir le plus dense régnait.

     

    .-.-.-.-.-.-.-.-

     

    Après, longtemps après, Peter entrouvrit les yeux pour les refermer aussitôt. Il était dehors, sous un ciel bleu illuminé par un grand soleil. Allongé sur un sol trempé, le visage enfoncé dans de la mousse humide, il écarta les bras dans l’espoir de se stabiliser. Tout tournait, il était pris dans un tourbillon. Ses mains s’enfonçaient dans une matière souple, froide et mouillée. Il tenta de caler ses pieds mais la spirale folle se jouait de lui, le faisait tournoyer, plonger avec des accélérations ahurissantes. Il commença à se stabiliser, à flotter, en même temps que des acouphènes puissants torturaient ses tympans. Le vacarme s’atténua pour se transformer en un sifflement continu. Il réussit à ouvrir les yeux et à les conserver ouverts. Son visage écrasait un coussin de sphaignes. Il comprit qu’il était allongé dans une tourbière. Peter voulut bouger, ses yeux surprirent un mouvement. Il assista, terrifié, à une mutation des sphaignes. Les minuscules tiges blanches gonflèrent et d’un seul coup se précipitèrent vers le ciel en augmentant de taille. devenant aussi grosses que des troncs d’arbre. Les chapeaux, brun foncé s’élargirent au point de masquer le soleil.  ( à suivre )

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