• Fées et mystères dans les Vosges

    Fées et mystères dans les Vosges

     

    Ida la généreuse est disparue, un monde s'écroule. Que sont devenus Gladys et Hansi? Une malédiction se serait emparée des Vosges et aurait lancé un sort à ce monde merveilleux? Quelle malédiction? Pourquoi? Par qui?

    Les jours d’après

     

     

    6  Le sursaut

     

     

     

     

     

    Le ciel au-dessus du Devin retrouvait peu à peu son calme. De grands nuages deFées et mystères dans les Vosges vapeur n’avaient cessé de jaillir à chaque poussée de colère de Nestor, le Grand Esprit du Devin. Des pans de ciel bleu tentaient timidement de s’imposer.

    Ce matin-là, tout le monde était présent pour suivre une discussion animée, parfois houleuse, entre Nestor et Jeremy, le Grand Duc. Celui-ci restait immobile, raidi sur une branche étranglée par ses puissantes serres. Lui aussi était furieux, remonté contre l’intransigeance de Nestor. Cela se voyait à ses paupières qui voilaient ses grands yeux dorés, barrés par une minuscule fente verticale. La rapidité avec laquelle il battait des paupières renseignait assez sur son humeur.

    •  Je te le dis, Nestor, c’est le seul moyen, je n’en démordrai pas.

    Nestor exhala un long et profond soupir qui fit plier la cime des épicéas et des sapins. Il s’exprima, après un silence :

    •  Hum…hum…
    •  Je crois que je n’ai pas bien compris, c’est oui ou c’est non ?

    Agrippé à une plus haute branche, Helmut, ce curieux croisement entre une chouette et un hibou, écoutait cette étrange conversation, avec un grand intérêt. Des mesures très positives pouvaient découler de la décision de Nestor. Le Grand Esprit avait trop longtemps tergiversé. Il était grand temps de réagir.

    •  Sais-tu, Jeremy, que jamais j’aurais pensé avoir à prendre une telle décision ? Que c’est totalement contraire à nos us et coutumes ? Que tu me demandes d’enfreindre une règle divine ?
    •  Je sais tout cela, Nestor, je sais aussi que nous avons perdu beaucoup de temps. Nous avons mis à contribution tout ce qui vit et respire dans nos forêts, pour un résultat, hélas, nul. Je suis certain qu’Hector, le grand Esprit des Vosges du sud, et Victor, le Grand Esprit des Vosges du nord, qui sont dans la même situation que nous, ne peuvent que t’approuver. Décide-toi. Maintenant.

    La Ragoteuse, la pie effrontée et bavarde, arrondi son œil et leva la queue. Elle vivait un grand moment. Peut-être allait-elle être chargée d’une mission ? Répandre des informations dans tout le massif ?

    •  Hum… Bien… J’ai décidé. J’ai décidé, sous la pression des événements, d’accorder au Grand Marcheur, le pouvoir de voir l’invisible, mais en aucun cas, je répète, en aucun cas, il n’aura le pouvoir de se rendre invisible. J’ai dit. Allez l’informer au plus vite et qu’il commence son enquête.

    Le ciel se libéra de ses nuages pour livrer un bleu lumineux qui éclaira les sous-bois. La tension, dans la clairière était tombée d’un coup. Le silence et l’immobilité des uns et des autres laissa place à une cacophonie, empreinte, toutefois d’une certaine gravité. Il fallait retrouver les disparus au plus vite. L’aide du Grand Marcheur ne pouvait qu’être bénéfique. La Ragoteuse s’était déjà envolée pour répandre la nouvelle extraordinaire. Mélissa, la mésange bleue en fit de même. Mouffi et Moufa, les écureuils se demandèrent quelle pourrait être leur travail, tout en se chamaillant, comme à leur habitude. Tapioca et Torpedo, les deux lutins, se tenaient prêts à partir, là où Jeremy, le Grand Duc les enverrait. Une question, cependant, flottait dans l’air. Qui allait approcher le Grand Marcheur ? C’est aussi ce que se demandaient Clopin et Clopan, les deux lutins, inséparables ennemis. La réponse s’imposa d’elle-même. Jeremy allait diriger les opérations. C’est lui qui lancerait les directives. Il prit la première décision :

    •  Helmut, ce sera à toi de prévenir le grand Marcheur. De lui faire un compte-rendu fidèle, sur la catastrophe qui nous accable. Il comprendra tout de suite qu’il est investi d’un grand pouvoir, puisqu’il pourra te voir et t’entendre. Qu’il ne perde pas de temps. Dis-lui que tu seras toujours sur ses traces, toi, ou d’autres amis de la forêt. Qu’il pourra compter sur notre aide.

    Helmut battit des ailes et s’envola, sans un mot. Il est vrai que par ses origines, il avait un grand sens de la discipline. Nestor, le Grand Esprit, murmura :

    •  Merci Jeremy, de m’avoir forcé la main, merci de te charger de cette grande responsabilité. Merci pour moi, et merci pour nos chers disparus…

     

    -.-.-.-.-.-.-.-.

     

    Helmut suivit la petite route goudronnée qui partait de l’étang, car montait de la vallée un épais banc de brume qui s’accrochait aux arbres et remplissait tous les vides. Seul le serpent de goudron noir se laissait deviner. Arrivé en bas de la côte, il se posa sur la branche d’un cerisier qui surplombait le cimetière du village. La noria des poids lourds qui montaient au col du Bonhomme faisait rugir les moteurs excités par les passages de vitesses. D’autres poids lourds, tout aussi nombreux, descendaient du col, accompagnés d’une symphonie de jets d’air comprimé craché par les freins fortement sollicités, juste à l’entrée du village. Helmut jugea bon de suivre la file de camions qui se traçaient leur chemin dans la brume de plus en plus épaisse, à coups d’antibrouillards puissants. Il aurait, bien sûr, pu se fier à son sens de l’orientation et s’aventurer dans cette blancheur cotonneuse, mais il subsistait le danger des fils électriques qu’il ne pourrait voir qu’une fois dessus. Il préféra donc la prudence et suivre les mastodontes aux échappements nauséabonds. C’était le moyen le plus sûr et le plus rapide de s’approcher de la ville.

    Le donjon et les murailles de Kaysersberg se détachaient sur le fond blanc immaculé. Il était arrivé. Helmut se félicita de toujours laisser trainer une oreille, à l’écoute des potins dans la forêt, surtout entre ses amis de la gent ailée. Il savait exactement où aller. Il suivit la Weiss, le ruisseau qui se transformait en torrent, à la fin de l’hiver. Là, dans une impasse, il reconnut immédiatement la maison dont les merles avaient parlé. C’était une petite bâtisse, à un étage à colombages brun foncé qui faisait bien ressortir le vert amande des murs. Le haut de la maison, travaillée par les siècles, penchait, comme une forme de salut à l’aplomb de l’eau cascadant entre des roches ... ( à suivre ) 

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