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Randonnée n°33, à lire absolument!
Certains m'ont demandé pourquoi j'avais cessé de publier mes randos, question à laquelle je ne saurais répondre, lassitude? Je ne sais. Cependant, je vous propose une randonnée qui saura vous plaire, et peut-être, vous dérider...
Bonne lecture et bon dimanche...Les Rapports du Capitaine
Rando 33
Dolmen de Gaoutabry-Collobrières
Petit village, dans les Maures, capitale des marrons glacés…
Notre présidente gesticule, bien avant le départ. Elle tempête, elle exulte. Elle libère tout simplement l’énergie du straboum dont elle s’est gavée. Pour être à la hauteur…
Nous roulons et voyons la trésorière enfiler, tout schuss, un sens interdit. Elle dresse l’index devant nos mines ahuries… Pauvre France…
Alors que ceux qui ont le feu aux fesses sont déjà loin, là-haut, à l’assaut du ciel d’azur, les autres, ceux qui veulent apprécier, progressent à reculons, face à la descente. Etrange ? Que non ! C’est la seule façon d’être saisi par la vision grandiose de la Méditerranée transformée en miroir, des îles embrumées et mystérieuses et, à nos pieds, les dessins géométriques des vignes aux feuilles rousses. Plus près, un fouillis de chênes, d’arbousiers habillés de clochettes blanches et de pompons rouge vif, ainsi qu’un épais maquis de plantes odorantes, nous séduisent, nous aguichent, nous charment. Des rafales fortes, presque violentes, secouent la canopée en la faisant mugir et oblige les arbustes à des révérences répétées.
Voilà une rando qui s’annonce bien. Les prises de tête concernant la direction à prendre s’inscrivent dans la continuité. Rien que du naturel, du solide, fruit de nombreuses répétitions.
Chères lectrices, estimés lecteurs, vous connaissez maintenant les titres de la Présidente : Schtroumpf vert, Cèpe galopant et, Leader Maxima Unica. Organisons un référendum pour choisir le titre définitif pour qu’elle puisse entrer, enfin, dans l’Histoire. Vous avez, d’ailleurs, découvert dernièrement un nouveau venu, si, le Dos Argenté, celui qui, comme la Présidente, pratique la mauvaise foi en l’élevant à un niveau phénoménal. En voici un autre, Belles Bretelles, qui ne se doute pas un seul instant avoir été pris dans les filets de la renommée et être ainsi exposé.
Ce qui suit est bien entendu confidentiel, et doit le rester. Immergeons-nous dans le décor, entre trois eucalyptus et un vénérable saule pleureur, et laissons venir à nous, le héros malgré lui. Accablé par le poids de son infortune, Belles Bretelles revient vers le chemin poudreux, visité par les pensées les plus noires. Une bonne âme se trouve sur son chemin, elle va servir de confidente.
- Ah si tu savais, tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé…
- Respire un bon coup et raconte.
- Eh bien, tu connais ma pudeur… Je suis allé derrière les eucalyptus, certain que les troncs me camoufleraient pendant que je…
- Oui ? Et alors ? Ne me dis pas qu’un koala serait descendu pour t’en croquer une…
- Non ! Pas un koala ! Bien pire ! J’étais là, debout, le regard perdu dans le vide, en attendant que ça se passe, quand je perçois un mouvement dans les roseaux, juste devant moi…
- Un sanglier ?
- Non ! Une femme ! A moitié accroupie, la bouche ouverte, juste devant mon… ma…
- Nous sommes des randonneurs, il ne faut pas en faire un plat, et puis, tu te fais peut-être des idées, elle n’a après tout rien vu.
Belles Bretelles ne répondit pas, pas vraiment convaincu. Il se dirigea vers le groupe reformé, après l’arrêt technique. Il eut un sursaut. Il crut qu’on parlait de lui et à sa grande horreur, vit la randonneuse qui l’avait surpris dans ses œuvres. Elle était en grande discussion et, faisait des gestes des deux mains, pour indiquer une taille.
- Je te le dis, Nicole, petit, tout petit, comme ça, et tout fripé ! Tu ne peux pas savoir, je me suis fait violence pour ne pas le toucher et le caresser !
- Tu as bien fait, je sais que c’est mignon, mais ils ne sont pas à leur avantage quand ils grossissent… Tu as fait quoi, alors ?
- Mon mari m’a dit : c’est moi ou le sharpei, pas de chien dans la maison !
- Il a bien raison, tu sais.
- Tu crois vraiment ?
Elle lança un clin d’œil appuyé à Belles Bretelles qui décida de mourir sur place, anéanti par la honte.
La troupe retrouva la vallée, au milieu des vignes et de grands nuages de poussière blonde. Le vrai Dust bowl des années 30, dans le Midwest, à l’époque décrite par Steinbeck, Les raisins de la colère. Quelle journée !
Gérard Stell
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