• La Provence à pied 16

     

    Il fait très beau aujourd'hui, profitons-en, faisons encore une belle randonnée dans ce maquis si riche d'odeurs... Si vous aimez ces textes faites en profiter vos amis...

     

     

     

    La Provence à pied 16

     

    Menton- Sainte Agnès- Maginot

     

     

    Dans la mouisse de brebisse

     

    Il n’y en a que pour elle ! C’est ce que certaines disaient, en tapant du pied, la lippeLa Provence à pied 16 boudeuse. Vous aimez tellement votre Présidente qu’un référendum a été suggéré pour attribuer officiellement un nom de guerre à notre madone. Ce fut un plébiscite ! Tout un groupe soudé par le même élan et quelques montées lacrymales…

    Le titre de Leader Maxima Unica (LMU) sied parfaitement aux immenses qualités d’une personne dont la timidité et la modestie feraient passer la discrète violette, pour un monstre d’orgueil ! Rien de moins.

    Vous avez tous beaucoup d’esprit et certaines suggestions ont attiré l’attention. Cependant, lutin bondissant, elfe sautillant, coccinelle planante, la petite Thérèse de Lisieux sur Var, et j’en passe, ne correspondent pas tout à fait à l’esprit de la chose.

    Venons-en maintenant à notre randonnée. Comment la qualifier ? Sortie hors du commun ? Géante ? Trop top ? Sublissime ? Oui, tout cela et encore plus. Tant pis pour les gnagnardeux qui ne sont pas venus, because, va faire froid, va p’ t’être pleuvoir, j’suis constipé. Nous n’en parlerons pas de ceux-là, car cela ne nous regarde pas. Mais quelle randonnée ! Les autres étaient du Kiabi, celle-là, ce fut du Lacroix !

    Départ amusant, où il ne fut pensé au podomètre que… plus loin. Une voix s’éleva :

    -       On demande un volontaire pour retourner au parking et revenir en comptant ses pas, pour régler le podo !

    Attroupement à une croisée de chemins. Une nouvelle venue, véritable Tatie Danièle tape du pied, saisit le bras de LMU et piaille :

    -       C’est par là, je te le dis !

    -       Suffit ! C’est moi qui dit où on va, mais c’est pas vrai ça !

    On progresse sur un chemin barré çà et là de cascades et de rus aux eaux translucides. Des odeurs suaves de terre humide, de buis et de feuilles décomposées nous accompagnent. L’adjointe promue lectrice officielle des cartes, annonce :

    -       Suivez un beau sentier, bien dégagé, laissez la sente à main droite…

    -       On y est, s’exclame Tatie Danièle, c’est ça le sentier, c’est pas une sente ça !

    -       Oh ça va la Tatie Danièle, tu nous pompes, on n’est pas miros !

    Le chemin monte, monte, le sommet se dérobe à chaque tournant. Les pics enneigés, éblouissants, nous rappellent à plus d’humilité. On croit arriver, puis patatras, encore une montée ! Plus personne n’y croit, et puis… si ! Nous y sommes !

    La vue panoramique nous saute au visage, la lumière et les scintillements éblouissent nos pupilles. Personne ne le remarque, mais nos pieds s’enfoncent, curieusement, doucement, sûrement, de plus en plus profond, en même temps que résonne la décision de déposer les sacs pour le casse-croûte. L’endroit est charmant, si, vraiment. Nous sommes assis dans un enclos transformé en fosse d’aisance pour un troupeau de brebis. Il n’y a pas le choix : soit laisser pendre les jambes dans un vide sidéral et espérer une brise ascendante, ou se tourner vers une maison fortifiée dont les murs se gondolent dans une brume de fumets prenants, tenaces, qui liquéfient et pulvérisent les sinus Une chose verte traverse la mer de crottes et bougonne :

    -       On me l’avait bien dit, tu t’inscris dans ce club, eh bien, crois-moi, t’es pas dans la merde !

    Il est l’heure de quitter cette montagne au charme si authentique, si rustique, il le faut. Pourquoi ? Parce que LMU a calculé le temps pile poil, pour arriver devant le fort enterré de Sainte Agnès, à l’heure. Ah, elle est forte la Unica !

    La visite de cet ouvrage de la ligne Maginot est bien plus qu’intéressante. L’état de conservation est surprenant. La simulation sonore des diesels en fonctionnement est d’autant plus saisissante qu’un fort relent de gasoil ajoute la touche de vécu. Une autre simulation sonore de tir au canon nous fait plonger dans un monde de bruits et de fureur. Les cœurs se serrent en songeant à ceux qui avaient en charge la défense de la région. Tatie Danièle fait encore des siennes. Elle harcèle le guide de questions. Le pauvre lève la tête et roule les yeux. Comment répondre à ce feu de couillonnades ? Nous tirons la manche du guide, et lui susurrons :

    -       On ne peut pas la glisser dans le tube de 135 ? On la tire vers Menton, mine de rien, allez, juste un petit coup, non ? Comment ? Ah, vous croyez vraiment que ce serait la panique dans la ville ?

    Reste le jardin médiéval. Une merveille, qui achève ceux qui n’en peuvent plus. On fait croire à J.C., non, pas Jésus Christ, mais notre redoutable avaleur de dénivelés, que nous avons dégusté des beignets à la fleur de courgette, offerts par la guichetière du jardin. Si, c’est comme on te le dit, en plus, elle nous a servi du rosé, bien frais, gratos ! Le malheureux en a des larmes dans les yeux.

    Arrive LMU, visiblement fatiguée, elle nous écoute et abonde dans notre sens. J.C. pleurniche

    -       C’est dégueulasse, geint-il, j’adore ça…

    Il lève les yeux vers le sommet, on entend son calcul mental : il y a 1325 marches, mais s’il se précipitait, y aurait-il encore des beignets, et du rosé ? La Présidente prend pitié pour le goinfre et le console. On en parle encore aujourd’hui !

     

    Gérard Stell

     

     

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